Débuter en photo : 25 conseils pour un apprentissage efficace
Vous débutez en photo et vous ne savez pas par où commencer ? Rien que de très naturel : la pratique de toute discipline suggère d’employer la bonne méthode. Quand j’ai débuté la photo, je me sentais un peu perdu pour apprendre, par la densité de l’information à laquelle j’avais accès, en particulier en me promenant sur la toile. En matière de conseils photographiques, on y trouve absolument tout et n’importe quoi… Dès lors il est difficile de ne pas se sentir un peu perdu en matière d’apprentissage, et encouragé à abandonner le cheminement photographique. Dans cet article, je vous donne les clés que j’aurais moi-même aimé pouvoir tourner, pour vous aider à structurer votre pratique photo vers une progression plaisante et efficace.
Sommaire
- 1. Ne pensez pas à devenir photographe professionnel
- 2. Le matériel photo ne fait pas le photographe
- 3. Ne surinvestissez pas dans la technique photo
- 4. Prenez beaucoup de photos
- 5. Prenez des photos souvent
- 6. Gardez votre appareil photo sur vous
- 7. Vous ferez vos meilleures photos autour de chez vous
- 8. Les mérites de la focale fixe
- 9. Préférez une focale courte comme le 35 mm
- 10. Rapprochez-vous du sujet photographié
- 11. Pliez les genoux !
- 12. Faites des photos simples
- 13. Faites des retouches photo simples
- 14. Ne triez pas trop tôt vos images
- 16. Imprimez vos photos !
- 17. Essayez plusieurs styles photographiques
- 18. Ne cherchez pas l’inspiration photo sur Instagram
- 19. Inspirez-vous des grands maîtres de la peinture
- 20. Recherchez des critiques constructives
- 21. Arrêtez de vous comparer aux autres photographes
- 22. Soyez un photographe audacieux
- 23. Restez humble et persévérez
- 24. Ralentissez !
- 25. Amusez-vous !
1. Ne pensez pas à devenir photographe professionnel
Le risque quand on se lance dans une nouvelle discipline, c’est l’excès d’enthousiasme. La photographie est un processus tout à fait grisant. Un clic permet de produire un résultat. La plupart des photographes sont autodidactes et il semblerait a priori inutile de consacrer du temps à se former. A la faveur du contenu photographique foisonnant sur la toile, il est possible de produire une bonne photo assez facilement. La tentation est grande dès lors de vouloir en faire son métier.
Mais faire sa place en tant que photographe professionnel exige un éventail de compétences dépassant largement le cadre de la seule pratique photographique : prospection des clients, communication, marketing, etc. Cela peut venir plus tard, dans un second temps, une fois identifiés les enjeux et limites de l’exercice. Vivre de sa passion est un risque qui peut la muer en contrainte. En photographie, il faut savoir prendre son temps. Et se concentrer d’abord sur la qualité de son imagerie quand on débute.
2. Le matériel photo ne fait pas le photographe
Il n’y a qu’à voir le contenu le plus facilement accessible sur Internet en matière de photographie : des guides d’achat vendant les mérites du dernier boîtier à la mode, de cet objectif au bokeh crémeux qui ouvre à f1.0, de ce zoom versatile piqué aux coins à toutes les ouvertures. Ces considérations sont un véritable leurre. Le matériel photographique n’a jamais été aussi pertinent qu’aujourd’hui. Les marques rivalisent de boîtiers aux spécifications hallucinantes, aux autofocus toujours plus rapides. Il n’y a plus de mauvais choix à faire en guise de matériel photo dès lors que l’ergonomie vous paraît appréciable. Une fois votre choix effectué, inutile de revenir dessus : c’est une distraction futile. Tout ce que vous pourrez gagner ne sera qu’un confort supplémentaire.
Le gain en valeur artistique obtenu en remplaçant un appareil photo par un autre est absolument négligeable. Et fondamentalement, si l’on excepte quelques outils à l’usage très particulier (travailler avec un Rolleiflex par exemple ou un appareil photo moyen format), le fond de votre travail n’a rien à voir avec votre matériel. Epargnez-vous cette distraction (en soulageant vos finances par la même occasion), et n’accordez pas trop d’importance à l’outil : concentrez-vous plutôt sur la pratique photo.
3. Ne surinvestissez pas dans la technique photo
La technique photo est un domaine assez vaste. Les guides d’utilisation des appareils comptent souvent plusieurs centaines de pages. Il est impossible de tout en retenir. Par exemple, maîtriser tous les modes autofocus d’un appareil photo récent relève de la gageure. La bonne question à se poser est la suivante : quel intérêt ai-je à les connaître ? Cette outrance technique est en partie liée au besoin des marques de se différencier en termes de marketing, ce qui se traduit par un intérêt de leur part à nous faire miroiter des nouveautés révolutionnaires. Pensez à vos besoins : si vous ne pratiquez pas la photo animalière ou sportive, il y a peu de chance que vous ayez besoin d’une expertise poussée des modes autofocus.
Ce qui compte est de maîtriser les rudiments techniques : le triangle d’exposition essentiellement. En expérimentant, et en adoptant ce qui fonctionne le mieux pour vous. Afin d’oublier la technique au plus vite pour se consacrer à la pratique photo. Le musicien s’intéresse au solfège pour jouer de la musique. Le peintre s’intéresse à ses pinceaux pour peindre. Le photographe s’intéresse à la technique pour produire des images. Et c’est son seul usage pertinent. A aucun moment, la technique photo ne devrait constituer un but en soi, de même que la maîtriser totalement constituer un idéal.
4. Prenez beaucoup de photos
Une erreur courante des débutants en photographie est d’appuyer trop rarement sur le déclencheur. Si l’on met de côté la spécificité de la pratique photo argentique, le matériel contemporain n’est plus filtrant sur le volume d’image à saisir. Alors pourquoi ne pas en profiter ? Je pense qu’un certain nombre de peurs se cachent derrière cette timidité au déclenchement. La peur d’échouer en particulier. De prendre une mauvaise photo. Cela n’est pas grave. Au contraire, cela fait partie du processus. Produire une bonne image est un fait rare. Le processus photographique est fait d’expérimentations, de tâtonnements successifs, qui mettent en jeu une part de hasard, et qui par essence n’aboutissent pas toujours à un résultat. On n’aura jamais idée d’un éventuel résultat sans avoir appuyé sur le déclencheur.
Une crainte courante est celle du tri. On se limite volontairement à un nombre modéré de prises de vue pour s’épargner une phase de sélection fastidieuse. C’est un faux problème. Le tri des photos est d’abord une question de méthode. Je trouve particulièrement dommage de renoncer à des opportunités photographiques par manque d’une méthode appropriée. En effet, souvent ce qui distingue une bonne image d’une excellente image tient à des détails. Un micro-ajustement, un léger décalage, un rééquilibrage subtil de composition. Il faut de toute urgence se laisser le choix de retenir cette excellente image.
5. Prenez des photos souvent
Faire des photos occasionnellement n’est pas suffisant pour vraiment faire progresser sa pratique. Il me semble pour cela nécessaire d’intégrer sa pratique à son quotidien. Le processus photographique est question d’expérience, presque un style de vie. Apprendre à voir est une habitude. Inutile pour autant de nourrir des projets photographiques excessivement ambitieux qui pourraient se révéler décourageants : le quotidien offre ces instants de grâce qui ne demandent qu’à être saisis au vol pour peu qu’on garde l’œil ouvert.
6. Gardez votre appareil photo sur vous
Quand on prétend pouvoir photographier au quotidien, encore faut-il être outillé en conséquence. Le plus simple est sans doute de garder son appareil photo sur soi. Dans sa poche, dans son sac, autour du cou… Il s’agit de créer les conditions favorables à la prise de photos. La nécessité de mobiliser rapidement son appareil photo impose une adaptation du format de l’outil : préférez un appareil photo discret, léger, peu volumineux, propre à se glisser facilement dans une poche. Un simple smartphone, un appareil compact, ou un hybride s’y prêtent tout à fait.
7. Vous ferez vos meilleures photos autour de chez vous
Quand on débute, on se prend souvent à rêver de destinations lointaines et exotiques, inspiré par l’imagerie de photographes de renom. On se plaît alors à préparer des vacances propres à ramener des photos extraordinaires. Je vous décevrai peut-être : c’est de la poudre aux yeux. Avec l’expérience, on se désintéresse peu à peu des représentations de carte postale pour développer une imagerie personnelle. Or, il est impossible de produire des photos pertinentes, qui dépassent les clichés les plus évidents, sans rester assez durablement dans un même lieu. Par ailleurs, le contexte de vacances est souvent inapproprié pour ceux d’entre nous qui voyagent accompagnés. Il s’agira dès lors de prévoir des temps de dédiés que l’on pourra consacrer à la pratique. Partir seul est encore le meilleur moyen de produire de bonnes images en voyage. La photographie est une pratique résolument solitaire, qui exige de la concentration et une méthode.
A l’inverse, c’est autour de chez vous, là où vous vivez, que vous serez réellement pertinent(e). Vous dépasserez les lieux communs photographiques en foulant les rues déjà connues. Le banal vous forcera à faire preuve de créativité pour voir autrement. Les idées photographiques se déplient lentement, avec la patience de les laisser mûrir, peu à peu. Et bientôt, ce qui vous paraissait indigne d’intérêt découvrira ses beautés cachées…
8. Les mérites de la focale fixe
Le problème quand on utilise des zooms, c’est qu’on complexifie le processus photographique. Quand on débute en photo, on a déjà un certain nombre de paramètres techniques à considérer pour exposer correctement l’image et effectuer la mise au point. En se laissant en plus cette liberté dans le choix de la focale, on peut rapidement s’emmêler les pinceaux… Le risque encouru est de concentrer ses efforts sur le volant technique de la pratique, alors qu’il devrait seulement servir le propos à défendre. Je conseille de simplifier ce processus en fixant la focale. Cette situation offre qui plus est une opportunité : maîtriser une distance focale, notamment en ce qui concerne les placements. En effet, on ne se place pas du tout de la même manière quand on shoote en focale courte ou longue.
Par ailleurs, la liberté du choix de la focale incite à la fainéantise. Pourquoi faire quelques pas en avant alors qu’on pourrait zoomer ? Le choix d’une focale longue est souvent une manière de ne pas s’approcher, ce qui est commode car c’est une façon d’éviter la peur d’assumer son statut de photographe. Cela n’est pas pertinent car la focale a bien sûr un effet sur le résultat. Elle doit dès lors faire l’objet d’un choix conscient. Par exemple, une image au 24 mm aura un rendu très différent d’une image produite au 70 mm, et ne répondra pas au même usage. Le 24 mm donnera un côté très immersif et dynamique à la scène, alors qu’une prise de vue au 70 mm compressera les plans et diluera les zones hors du champ de netteté.
9. Préférez une focale courte comme le 35 mm
Si le 35 mm est la focale préférée de nombreux photographes de rue comme Alex Webb, ce n’est pas pour rien. Cette distance focale est particulièrement versatile. A peu près équivalente au champ de vision de l’oeil humain, elle permet d’embrasser une scène en la contextualisant, offrant l’opportunité de jouer sur les plans. Elle se prête également au portrait environnemental. Enfin, elle permet de combattre la peur de s’approcher : cette focale nous force à davantage de proximité avec le sujet photographié, ce qui produit des résultats assez dynamiques.
Pour ma part, c’est la focale que j’utilise le plus. Je trouve les placements et le champ de vision assez « naturels », contrairement à des focales plus longues comme le 85 mm, qui par sa forte compression ne se prête pas aux jeux sur la dynamique des plans. S’il est bien sûr possible de produire une imagerie fantastique qu’illustre Saul Leiter avec des focales longues, je ne la recommande pas aux photographes débutants pour les raisons avancées.
10. Rapprochez-vous du sujet photographié
La plupart des débutants se tiennent trop loin de la scène photographiée. Il y a bien sûr un petit combat intérieur à livrer pour oser se rapprocher. Il faut jouer avec l’intimité des sujets photographiés, en particulier en photo de rue où les images ne sont pas a priori consenties par les sujets. Se rapprocher constitue souvent un long apprentissage. En prendre conscience est la première étape pour y arriver. Regardez à nouveau vos clichés, et voyez s’ils ne mériteraient pas un ou deux pas de plus.
11. Pliez les genoux !
Quand je vois des photographes débutants à l’œuvre, je remarque souvent qu’ils se contentent de porter l’appareil photo à l’œil. Il n’y a absolument aucune raison pour que cet angle de vue soit pertinent par rapport à la scène photographiée. Peut-être faudra-t-il plutôt décaler l’appareil photo vers le bas pour une légère contre-plongée, ou au contraire vers le haut pour un effet de plongée. Peut-être chercherez vous à vous trouver à hauteur des yeux d’un sujet qui n’est pas de votre taille (ce qui a de fortes chances de se produire…), ce qui suggérera d’adapter la position de l’appareil photo. On peut faire ces adaptations en shootant au viseur. Pour ma part je trouve souvent pratique d’utiliser l’écran, pour peu qu’il soit orientable : cela facilite les prises de vue de haut ou au ras du sol sans avoir besoin de s’allonger par terre…
12. Faites des photos simples
Une erreur des débutants est de vouloir trop en faire. Par excès d’enthousiasme sans doute. C’est un bon moyen de se décourager. Il me semble préférable d’opérer de façon inverse : commencer par produire un cliché simplement composé, propre, qui fonctionne. A partir de cette base on pourra chercher à rajouter progressivement de la complexité. L’intérêt de cette démarche est qu’on se pose la question de la pertinence du détail qu’on souhaite rajouter. Dans l’idéal, chaque détail de l’image doit être justifié, soit parce qu’il contribue à l’équilibre de l’image, soit parce qu’il est porteur de sens. Il est impossible de « voir » une image complexe dès le départ, c’est un processus itératif qui consiste à rajouter des éléments dans le cadre pas à pas.
13. Faites des retouches photo simples
Le traitement des images fait partie du processus photographique. Il serait impensable de s’affranchir de cette étape, qui consiste d’abord à trier les images les plus intéressantes, puis à traiter celles que vous aurez retenues. Personnellement j’utilise pour cela le logiciel Lightroom dont j’apprécie l’ergonomie. Souvent, les débutants veulent trop en faire en post-traitement. Le danger des logiciels de retouche, c’est qu’il y a beaucoup de curseurs. On ne sait pas forcément lesquels pousser, et dans quelle mesure. Très vite on peut tomber dans le mauvais goût et le dosage peut être subtil à trouver.
13.1. Ne poussez pas trop les curseurs en post-traitement
A force de voir des images on apprend à identifier ce qui fonctionne. C’est la sélection qui est la plus chronophage. Pour ma part, je ne fais jamais de retouches très poussées. Je passe rarement plus de deux minutes à traiter une image. En général, je corrige légèrement les valeurs de luminosité et les couleurs, avec un credo : la discrétion. Si un traitement d’image se voit, c’est qu’il est raté. Ne passez donc pas trop de temps à traiter vos images. L’essentiel se passe à la prise de vue. Si on peut sans conteste sublimer une photo en post-traitement, on ne pourra jamais rien faire d’une mauvaise image.
13.2. Le format raw, préférable au jpeg ?
Je shoote pour ma part en jpeg la plupart du temps. Si l’exposition et la balance des blancs sont justes à la prise de vue, cela vous épargnera la gestion de lourds fichiers au format raw et vous gagnerez du temps au post-traitement. Je trouve qu’il y a beaucoup de fantasmes et d’injonctions autour du format raw. Certes, il offre une plus grande latitude pour pousser les curseurs. Mais il est rare qu’on en ait besoin. Dans tous les cas, le gain que pourrez obtenir ne vaut pas le coup selon moi (y compris quand on parle d’impressions au format A3…), à l’exception de situations particulières comme la nuit où la balance des blancs est difficile à calibrer à la prise de vue.
14. Ne triez pas trop tôt vos images
Ne vous précipitez pas pour traiter vos photos. En effet, on porte naturellement un attachement affectif à nos images, lié aux conditions dans lesquelles elles ont été prises et au moment qu’on a vécu. Or, ces éléments de contexte n’ont rien à voir avec la qualité intrinsèque de nos photos. On peut conserver un excellent souvenir d’une session photo sans pour autant en ramener de bonnes images, et inversement.
C’est pourquoi laisser à nos photos le temps de maturer un peu est une bonne idée. Avec le temps, on se détache affectivement, ce qui laisse la place à un travail de sélection plus objectif et pertinent photographiquement.
16. Imprimez vos photos !
Que faire de photos promises à rester éternellement numériques ? Bien souvent, elles restent entassées dans les tréfonds de dossiers numériques, et on finit par les oublier. Le tirage photo constitue l’aboutissement du processus photographique. Cette dimension physique de l’objet photographique lui donne de la valeur en incarnant le caractère précieux et mémorable de l’image. On donne à la photographie une chance de la voir et de la revoir, ce qui renforce son potentiel d’évocation et d’appel à l’imaginaire sur la durée. Imprimer une photo suggère un travail de sélection qui fait aussi mûrir la réflexion sur ce qu’est une bonne image, et fixe des jalons en matière de progression photographique.
17. Essayez plusieurs styles photographiques
On entend souvent parler du besoin de se spécialiser dans la pratique d’un style photographique. Bien entendu, plus on investit d’énergie dans un domaine suffisamment bordé, plus on a de chances de progresser rapidement au départ. Le risque encouru à ne pas creuser un domaine photographique en particulier est de rester superficiel, effleurant seulement chacune des sous-disciplines. On ne peut exceller dans la photo de rue, de portrait ou de nature, qu’en y consacrant des centaines d’heures de pratiques.
Toutefois, il me semble important de maintenir une diversité d’approches : quand on débute la photographie, on a rarement une idée précise du type de photographie que l’on veut pratiquer ; à tout le moins, cette idée est évolutive, et il serait dommage de se fermer des portes trop précocement. Par ailleurs, la pratique d’une discipline en particulier enrichit l’autre. Par exemple, quand on photographie un paysage, on prend le temps de composer au cordeau, concentrant son attention sur l’équilibre et la dynamique de l’image. Cette attention peut servir positivement la pratique de la photo de rue, contribuant à rendre cette recherche plus intuitive.
18. Ne cherchez pas l’inspiration photo sur Instagram
On peut trouver de grandes sources d’inspiration sur Instagram. Il n’y a qu’à voir le travail que produisent un Alan Schaller ou un Joakim Möller. Toutefois, je ne conseille pas ce canal comme source d’inspiration. Le rendu en format timbre-poste ne fait pas honneur à la photographie. Par ailleurs, la diffusion photographique sous forme de flux ne permet pas d’apprécier pleinement la valeur d’un corpus photographique, fruit d’un travail de sélection mûri et rigoureux. Les bonnes images sur Instagram sont aiguilles dans des bottes de foin, et il vous faudra sans doute scroller au-dessus de nombre d’œuvres insignifiantes avant de tomber sur l’une d’elles. Que dire également de la pauvreté des interactions motivées par la recherche de réciprocité à tout prix qui leur fait perdre toute authenticité ?
Je conseille au contraire la lecture de livres photo. Sans parler du plaisir de toucher les pages imprimées en grand format, en les lisant, vous vous concentrerez sur le meilleur, sans distraction, en maîtrisant vos influences photographiques. Je ne peux que vous recommander la passionnante lecture de « The suffering of light » par Alex Webb, « Maroc » par Harry Gruyaert, « New York in Color » par Ernst Haas, « Histoires possibles » par Marc Riboud, pour ne citer qu’eux.
19. Inspirez-vous des grands maîtres de la peinture
L’inspiration photo est indispensable car elle permet d’infuser des idées, de se nourrir d’influences pour finalement contribuer à la forge d’un style photographique. Pour autant, je ne peux que vous recommander de voir et revoir le travail des maîtres de la peinture, dont le travail de composition est peu différent entre cette discipline et la photographie. La photographie est une discipline artistique jeune au regard de ce que peut être la peinture. Le cheminement d’un Raphaël, d’un Rembrandt ou d’un Delacroix a beaucoup à nous apprendre, qu’il s’agisse de la maîtrise de la lumière, de la couleur, de l’équilibre, comme des plans narratif et émotionnel.
20. Recherchez des critiques constructives
Quand on débute en photographie, il est indispensable de remettre en question régulièrement sa pratique. On a tôt fait de se complaire dans le recueil des commentaires extatiques formulés par son entourage. Mais l’on rechigne à écouter les commentaires plus durs et objectifs d’experts de la discipline. Ce sont pourtant eux qui vous feront réellement progresser. Vous lirez bien sûr des conseils dans des livres ou par exemple à la lecture de ce blog. Certains d’entre eux vous paraîtront sans doute pertinents, mais seront parfois difficiles à s’approprier, car formulés de façon générique et non individuelle.
Tournez-vous vers des confrères photographes disposés à s’inscrire dans une démarche de critique constructive et bienveillante mutuelle. Construire ce genre de relation photographique peut réellement constituer un tremplin vers une progression efficace. Vous pouvez également participer à des workshops, en gardant toutefois à l’esprit qu’ils constituent d’abord un business pour les photographes les proposant : je vous encourage à vous renseigner précisément sur le contenu abordé, de façon à faire converger votre besoin avec l’offre disponible.
21. Arrêtez de vous comparer aux autres photographes
La photographie est une discipline particulièrement concurrentielle dès lors qu’on parle d’en faire son métier. Alors qu’il y a une vingtaine années, la technique photo et le coût des pellicules pouvaient encore constituer un frein à la pratique, celle-ci est désormais largement démocratisée. Aujourd’hui, nous sommes tous photographes, ne serait-ce que parce que nous sommes pour beaucoup titulaires d’un smartphone. Les plateformes de partage, propulsées dans un contexte de valorisation individuelle à tout prix, alimentent des logiques comparatives et flatteuses d’ego où l’on se devrait de produire l’imagerie la plus inédite, la plus spectaculaire, la plus plaisante.
Ne vous laissez pas happer par ces considérations délétères. Croyez en vous. Votre seul concurrent est vous même. L’imagerie juste est celle qui reflète votre identité profonde, votre sensibilité d’être humain. Celle qui vous fait voir vos photos comme vous-mêmes, avec la plus grande honnêteté, sans fard ni artifice. La recherche d’authenticité est la seule digne d’être poursuivie… car elle est la seule source d’un épanouissement artistique et personnel sur le long terme.
22. Soyez un photographe audacieux
En photographie, il faut oser. Oser braver ses multiples peurs : photographier dans l’espace public, s’assumer en tant que photographe, etc.. Oser sortir du cadre rassurant des compositions classiques et éprouvées. Affirmer sa sensibilité. Proposer une nouveauté exposée au jugement et parfois au rejet. Se révéler à soi-même. S’effacer pour mieux témoigner du monde. Cela s’apprend, cela se travaille, lentement. Et cela commence par une prise de conscience.
23. Restez humble et persévérez
A l’heure des likes, selfies et autres démarches d’auto-promotion décomplexées, on peut rapidement se perdre avant même avoir vraiment commencé à se trouver artistiquement. Le métier de photographe fait rêver et jouit d’une forte popularité dans l’esprit du public. Il symbolise une forme de liberté, et renvoie à une facilité en lien avec la simplicité d’un appui sur le déclencheur. Souvent autodidactes, jamais considérés à l’aune d’un parcours académique ou au regard d’un diplôme, les photographes pourraient souffrir de questionnements douloureux autour d’une légitimité et d’une reconnaissance. Laquelle est susceptible d’exacerber les manifestations vaniteuses de l’ego. La photographie a d’abord et surtout à voir avec une forme d’honnêteté envers soi-même. Les hommages périphériques sont aussi flatteurs que futiles quand il s’agit de discuter autour de la valeur artistique d’un travail. Ils détournent l’attention de l’essence photographique : un processus laborieux et acharné, qui impose simplicité et persévérance.
24. Ralentissez !
Nous vivons une époque de mouvement, de flux et de reflux d’informations multiples, d’injonctions à l’action et au dynamisme. Les postures méditantes et les temps de silence sont relégués au titre de pratiques ésotériques. Pourtant, la bonne photographie exige aussi de savoir s’arrêter pour ressentir les battements indicibles du monde. Ce geste à saisir qui se déplie dans toute la lenteur et la subtile exhaustivité de lui-même. Cette posture introspective perçue comme un silence, temps doré de retour sur soi pris au creux de deux respirations haletantes. Être photographiquement présent pour témoigner du monde. Voilà bien une attitude qui exige de ralentir sa course quotidienne. Ne serait-ce que pour voir ce qui est autour de soi. Vivre ce ralentir comme une urgence, voilà une digne et nécessaire mission pour un photographe.
25. Amusez-vous !
Ne réfléchissez pas à l’excès. Si l’analyse s’avère indispensable quand vient le temps de trier et sélectionner ses photos, l’acte photographique n’en est pas moins un geste instinctif, qui vient selon chacun des tripes ou du cœur, mais toujours in-conscientisé. Cette adrénaline ressentie quand on perçoit l’incidence du moment juste, de ce subtil alignement d’astres qui équilibre un tout rectangulaire pour composer un cadre en grand format pour la mémoire. La photographie n’est pas question de contrainte, mais de passion et d’envie. Vivre l’acte photographique comme un moment de joie, avec toute la gratitude que l’on peut ressentir à être à cet instant précis, ultimement ancré dans le présent. Vivre impérieusement la photographique comme absolu amusement, respiration heureuse du monde.
4 commentaires
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Merci beaucoup pour votre blog fort intéressant et éclairant !
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Merci beaucoup ! Content d’être utile !
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J’ai découvert ma passion pour la photographie il y a quelque jours ,et ce blog m’aide beaucoup
Merci Beaucoup!
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Merci beaucoup, content d’aider ! Bon apprentissage !