Comment faire une bonne photo ?
Les progrès techniques des dernières décennies ont fortement facilité le processus photographique. Aujourd’hui, n’importe quel matériel photo permet de saisir sans effort particulier des images réussies au point de vue technique. L’accès à la photographie s’est tout à fait démocratisé, et c’est une chance : quiconque est en possession d’un medium d’expression artistique propre à enrichir son épanouissement personnel. Pourtant, s’il est plus aisé de faire des photos aujourd’hui, fait-on pour autant de meilleures photos ? Pas si sûr…
Prendre une bonne photo ne dépend pas de votre matériel
Nous sommes bombardés de sollicitations publicitaires portant sur l’équipement photographique : tel objectif plus piqué, telle ouverture extraordinaire, tel capteur truffé d’extra-mégapixels. En réalité, tout ce déballage de spécifications hors-normes est peu relié à la photo en tant que tel. En effet, le savoir-faire technique en photo est relativement limité, par exemple si on le compare à un art comme la peinture qui suggère de savoir dessiner et manier un pinceau. Une fois appris les quelques rudiments clés – le triangle d’exposition pour parler schématiquement -, obtenir un résultat est immédiat : il « suffit » de cliquer sur un bouton. Le gain d’efficacité qu’on pourra obtenir en acquérant un nouveau matériel sera minime. Mais comment obtenir un « bon » résultat ?
Soulever des questions plutôt qu’apporter des réponses
Je pense qu’une bonne photo, c’est une photo qui dépasse la portée descriptive. Il s’agit de suggérer autre chose : une idée qui infusera lentement, une émotion qui nous touchera, une question posée sans réponse… J’aime l’idée qu’une photo puisse dépasser l’image en elle-même pour nous amener plus loin, dans le domaine de l’analyse ou de la sensation. Il est question ici de poser un regard sur le monde, ce qui n’a rien à voir avec des considérations techniques.
Voici ci-dessus une photo qui me paraît assez bien illustrer mon propos, sans bien sûr prétendre qu’il s’agisse pour autant d’une bonne photo. Je trouve qu’on se prend aisément à imaginer les rêves de cet homme qui semble paisiblement endormi, les mains dans ses poches. Peut-être est-il en train de vivre les péripéties futures du roman qu’il vient de refermer. Ces teintes bleues sombres m’évoquent la texture enveloppante du sommeil dans lequel le personnage paraît plongé, lui-même vêtu de bleu. Si cette image me plaît, c’est qu’au-delà de ses vertus esthétiques, elle ouvre le spectateur sur un imaginaire.